lundi 16 juin 2014


Le fumeur d'opium, collage numérique. 2014

 

Crépuscule



Solubles dans l’air du temps,
Les volutes bleutées d'un très vieux fumeur chinois
Croisent le long du fleuve rouge.

Oublieuses de leurs origines,
Fiévreuses de tant d'opium inhalés et de songes entrevus,
Elles ouvrent les portes de la nuit,
Voilent la réalité d'une étamine de soie marine.

Assis au bord de la route, dans les hamacs,
Les anciens fument le tabac gris,
Des plantations des hauts plateaux.

Ils emplissent leur pipe à eau,
Sifflant, gargouillant joyeusement,
Et chevauchent d’incertains paradis,
Où des chimères polies, dansent.
Elles dansent et leurs sourient,
Étoiles lointaines des imageries de leur enfance.

Les femmes cuisent le repas du soir,
Industrieuses, précises, efficaces,
Tandis qu'inexorablement,
Les eaux ocres, saturées d'argile,
Déroulent leur cours à la pupille incandescente.

Le poisson carpe, vieux de mille ans
Y nage, invisible et souverain.
Il a sur sa joue lisse, un cil unique,
Long comme tous les bras du fleuve réunis.
Il sait d’instinct tout ce qui s’y passe,
Il comprend les âmes sans les juger.

Le majestueux poisson-chat défie des contraires,
Délie les rubans aux momies fatiguées,
Libère l’énergie des mondes assoupis,
Vole au dessus des limbes, libéré de tout souci.

Anélias.B



samedi 25 janvier 2014

Vent de lune

Vent de lune
 http://anelias.e-monsite.com/
Technique mixte, peinture, collage, encre sur panneau de bois. 20x20. 2008

Ne rien faire




Aujourd’hui,
Ne rien faire;
Pas d’action,
Pas de course,
Ni d’ambition.


Juste,
Relâcher la tension,
Laisser retomber la pression.


C’est le calme, le silence,
Les vacances…


C’est une sensation de légèreté,
De liberté.


Une évidence,
Une latence,
Un souffle, un air léger, un souvenir d'enfance.  


Anélias.B


quelques liens pour divaguer sur la toile :

Expression imagée : Être dans la lune 

Littérature : Cyrano de Bergerac de Edmond Rostand (1897) Scène XIII Acte 3
Cyrano de Bergerac traduit en anglais 

L'Autre Monde ou Estats et Empires de La Lune (1657) de Savinien Cyrano de Bergerac

Sciences : Le vent solaire souffle sur la lune (2011)

Cinéma : Le voyage dans la lune (1902) Film de Georges Mélies

 

Le dormeur du val

Le dormeur du val
 http://anelias.e-monsite.com/
Technique mixte, peinture, collage, encre sur panneau de bois. 24X35cm. 2008


Le dormeur du val

 

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur Rimbaud
( 20 octobre1854 - 10 novembre1891 )



quelques liens pour divaguer sur la toile :



Sapho, album Barbarie, Le dormeur du val
Musée Arthur Rimbaud
Blog de voyage : La chronique à Cramé
Site Arthur Rimbaud, le poète
Le dormeur du val traduit en anglais 
 

vendredi 24 janvier 2014

Puzzle


Puzzle
 http://anelias.e-monsite.com/
Technique mixte, peinture, collage sur panneau de bois. 60x80. 2009
Puzzle

Œil, circuit imprimé et puzzle mondial,

Œil imperceptible et fugace
Œil, en veille, en vrille, qui fourmille et grappille.

Œil glouton qui détecte, répertorie, énumère.

Œil qui se glisse dans l'interstice des programmes,
Les interfaces,
Œil qui recense, inventorie, récupère.

Œil qui se promène dans le labyrinthe des saisies,
Œil incorporé au logiciel, imprimé dans le circuit,

Œil transparent qui nous copie,
Nous duplique, 
Nous dupe;

Œil dont la menace est floue : elle se faufile ailleurs…


Quelques liens pour divaguer sur la toile  :


étymologie : le mot "puzzle", entendu comme jeu cérébral plus ou moins ardu, prend curieusement son origine du français médiéval signifiant "intriguer "

Trésors de la vie


Trésors de la vie
 http://anelias.e-monsite.com/
Technique mixte, peinture, collage sur panneau de bois .55x65. 2008



Trésors de la vie


Je rêve du futur, blottie dans tes bras
Un futur de brume orange et de pétales verts,
De volutes sans but, de spirales éphémères…

Dans le creux de ton âme, je divague,
Vague à l’âme des jour gris de juillet où la pluie passe en rideaux,
Vague de senteurs pourpres, des phlox épanouies
Vague étranges du tabac blond, endormi.

Trésors de la vie, détail.

Quelques liens pour divaguer sur la toile :

Sculpture : Fondation Alberto Giacometti 

Citation : «La grande aventure, c’est de voir surgir quelque chose d’inconnu, chaque jour, dans le même visage. C’est plus grand que tous les voyages autour du monde.  » A. Giacometti

Peinture : Musée Picasso à Paris

Citation : «S’il y avait une seule vérité, on ne pourrait pas faire cent toiles sur le même thème. » P. Picasso

 

Men’s song

Men's Song
 http://anelias.e-monsite.com/
Technique mixte, peinture, collage sur panneau de bois. 60x80. 2009

Mensonges ou Men’s song,
la complainte de l’homme aux cent mensonges


J’ai mis mes bigoudis, mes gros sabots,
J’ai pris mon parapluie noir si commun
Si commode, si…Commonwealth
Et puis…Je me suis converti.

Je joue un jeu,
Drôle de je,
Dangereux pas de deux.

Je marche à pas de velours,
Gros chat gris,
Panthère noire,
Ou fauve à la robe soyeuse…

Je marche sur le bitume,
Dans l’encre du mensonge,
Et je fais claquer mes talons aiguille sur le pavé.

Flic, flaque, fric, claque.

Un homme en bigoudis et chemise de nuit,
Un travestis sous la pluie, qui a-t-il de plus à dire…
La vie, la folie, l’ennui ?

Je songe devant le miroir à toutes ces histoires,
À tous ces songes, ces mensonges.

Je fume et je pense à un ange…

Aller à sa rencontre,
Fuir cette condition.

Vite, je m’extirpe,
Je me dégage de ces trognes,
De ces trombines, ces bobines,
De tous ces trombones à coulisse…
De tous ces films qui me ligotent,
M’étreignent et me lacèrent…

Le temps passe à 33 mensonges par secondes
Mon amour,
Mais, il est trop tard,
Tu es partie,
Et je reste en plan avec ma queue de homard.

Film noir et blanc,
Costard, cravate,
Je ferme mes yeux bavards.
Circulez, plus rien avoir.

Sous la lune,
Encore un peu plus loin dans l’opacité de la nuit
Notre-Dame de Paris,
Une pluie de grenouilles crachée par des gargouilles,
Leur peau de reptile étrange...
Je me souviens avoir mangé des pétales de peau de serpent,
C’était en chine, il y a longtemps !

Je ferme les yeux,
Je ne veux plus les voir…
Cauchemar amphibien,

Je hurle,
Elles bouillonnent.
Ce sont des mondes délirants
Aspirine, comprimé effervescent,
Vite.

Je fume encore un peu,
Le temps court toujours…tandis que je laisse filer

Dans les hangars, les studios,
Les super héros sont rangés.
Ils finissent de vieillir,
Ternissent… S’éternisent de numéro bis
En séries B.

Mais moi,
Je veux vivre ma folie,
Alors je fais ma mise en plis ;
Je pare ma chevelure,
D’extraordinaires aventures
Et tant pis pour les cancans,
Les on-dit ou le qu’en dira-t-on !

Aujourd’hui, je serai reine de la nuit.

Ce soir, devant la mire, j’irai au-delà de mes mensonges.
Ce soir j’aurai le courage des héros :
Je braverai les apparences
Je les travestirai, les rehausserai de couleurs lumineuses,
Idéales et sublimes.

Et toi, ange ou démon, tu viendras,
Je le sens...
Tu t’assiéras à côté de moi
Et tu me diras la vérité,
La vérité de l’autre côté de l’écran.

Tu me parleras de la complexité des aiguillages,
De la subtilité des engrenages,
Tu me diras toute la délicatesse des rouages
Qui tresse la vérité, le mensonge et l’être,
Et fait de nous des êtres hybrides à trois têtes.

Je marche dans la nuit,
Je suis interdit. Je suis zone interdite.
Un voile, des barbelés, des fils emmêlés,
Des pintades, des perdrix, des rêves endormis.
On me cherche des poux.
On me vole, on me voile, on me viole.
Je ferme les yeux, fume encore un peu.

Le temps a passé.

Le passé est encore un peu plus loin dans le passé,
Un peu plus flou dans ma tête de filou.
Je regarde la mire et ses rayures hypnotiques,
Je fume une dernière cigarette,
Assis sur le canapé.

Cette nuit encore, tu n’es pas venu, mon ange,
Mon démon…
Demain… peut-être…
Demain… tu viendras,
Je t’attendrai et qu’importe ces jours ou ces nuits,
A t’espérer,
Puisque je suis en dehors de tout circuit
Et que tu n’existes pas.

jeudi 23 janvier 2014

Mur, mur...


Écritures
 http://anelias.e-monsite.com/
Technique mixte, peinture, collage et vernis sur panneau de bois. 20x20. 2010

Mur, mur...
Parfois, c’est si dur de rester entre quatre murs. Entre quatre mots.
Si durs que l’on préfère mourir : que l’on préfère se taire, se terrer dans le silence. S’enterrer.
Les murs du silence ne sont pas opaques, non, ils sont magnétiques, et ils polarisent vos pensées dans le mauvais sens, le sens des courants d’air qui glissent et vont et viennent en tourbillonnant.
C’est si dur que l’on préfère, faire n’importe quoi, plutôt que de rester dans les murs du silence. Alors on écrit, un tout petit mot, que l'on jette à la face du monde, sans un bruit. Un petit mot, tout petit, petit comme un grain de sable dans les coulisses de la vie.

« Écrire, c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit.  » Marguerite Duras Extrait de Écrire